21E ANNIVERSAIRE DU JOURNAL MILITAIRE
EN CETTE PÉRIODE DE RESTRICTIONS, NOUS NOUS COUVRONS LA BOUCHE, MAIS NOUS NE NOUS TAISONS PAS: JUSQU’À CE QUE JUSTICE SOIT RENDUE
La Plate-forme des guatémaltèques en exil à cause du terrorisme d’État exprime à l’opinion publique guatémaltèque et internationale, aux organisations de victimes, sociales, politiques et de droits humains, à l’occasion du 21ème anniversaire de la publication du Diario Militar (Journal Militaire), ce qui suit:
En mai 1999, le Diario Militar, également connu sous le nom de « Dossier de la Muerte », un document produit par les services de renseignements militaires de l’armée guatémaltèque dans les années 80, a été rendu public. Le Diario Militar a documenté la brutalité de la politique de répression et de contre-insurrection conçue par l’armée guatémaltèque, dans le cadre de la Doctrine de sécurité nationale promue par les États-Unis en Amérique latine. Ce document des services de renseignement militaire contient un dossier détaillé sur 183 militant.e.s politiques, membres de mouvements sociaux populaires et d’organisations politiques de ces années-là, ainsi que sur des enfants sans participation politique qui ont été détenu.e.s illégalement, torturé.e.s et pour la plupart disparu.e.s par les forces de sécurité du gouvernement de facto du général Oscar Humberto Mejía Víctores (1983-1985). C’est l’un des nombreux documents qui ont montré comment l’appareil de renseignement militaire guatémaltèque opérait pour déstabiliser les mouvements d’opposition politique à l’époque des dictatures militaires au Guatemala; il révèle également l’une des stratégies néfastes pratiquées par les dictatures militaires dans toute l’Amérique latine: la disparition forcée.
Le Journal militaire est une preuve unique, ayant été écrit par les personnes qui ont participé directement, ce sont donc ses auteurs qui témoignent des événements au cours desquels ils ont disparu, kidnappé, torturé et finalement assassiné leurs victimes, en essayant à la fin d’effacer toutes les preuves en faisant disparaître leurs corps.
Cependant, les proches, avec le soutien des organisations des droits humains, ont pu récupérer 8 ossements de victimes documentées dans le Diario Militar, ainsi qu’en 2012 lorsque la Cour interaméricaine des droits humains a tenu l’État du Guatemala responsable de la disparition forcée d’al moins de 26 dirigeants militants documentés dans le Diario Militar, lui ordonnant d’enquêter et de poursuivre les responsables.
Le 20 mai 2020, jour du 21e anniversaire de la publication du Diario Militar, nous, filles, fils, épouses, maris, sœurs, frères, petites-filles, petits-enfants, parents en général, ami.e.s, camarades guatémaltèques en exil, victimes du terrorisme d’État, considérons que le Diario Militar est une preuve évidente de la responsabilité des forces de sécurité de l’État du Guatemala dans la planification et l’exécution de ces crimes contre l’humanité. Nous déclarons donc notre soutien: • Solidarité et soutien aux familles, plaignant.e.s, ami.e.s et camarades de lutte des dirigeant.e.s sociaux.ales dont la disparition forcée et l’assassinat sont documentés dans le Diario Militar. • Soutien aux familles des victimes et des survivant.e.s du Diario Militar dans leur demande à l’État guatémaltèque d’enquêter, de poursuivre et de condamner les militaires responsables des violations brutales des droits humains de ces dirigeant.e.s et militant.e.s sociaux.ales et politiques, comme garantie d’apporter paix, réconciliation et prospérité au Guatemala.
• Soutien à la clameur des familles des victimes pour que la recherche de la vérité se poursuive et pour que les restes de leurs proches encore disparu.e.s soient retrouvés, car cela fait plus de 36 longues années de recherche et de lutte pour la justice.
C’est pourquoi nous demandons à l’État et au gouvernement guatémaltèques:
• Qu’ils enquêtent sur les événements qui se sont produits à l’encontre des victimes, consignés dans le document connu sous le nom de Diario Militar, afin de traduire en justice les responsables intellectuels et matériels des crimes contre l’humanité. • Qu’il mette fin à la stratégie d’impunité et d’oubli que nous voyons promue par le pouvoir exécutif, qui vise à démanteler les institutions créées à la suite des accords de paix, à savoir le Programme national de réparation et les Secrétariats à la paix, à la femme et aux affaires agraires, et à affaiblir la COPREDEH, en lui retirant ses fonctions et en les remettant à la PGN. • Qu’il s’abstienne de promouvoir des lois accordant des amnisties aux auteurs matériels et intellectuels de violations graves des droits humains telles que le génocide, la disparition forcée et les crimes contre l’humanité, car ce sont des crimes qui heurtent la conscience de toute l’humanité; et briser activement l’impunité qui règne depuis plus de 30 ans. • Qu’il garantisse l’intégrité physique et mentale des victimes survivantes du terrorisme d’État promu par les gouvernements et les chefs militaires au Guatemala, afin que ces événements ne se reproduisent jamais.
VÉRITÉ ET JUSTICE! JUSQU’À CE QUE TOUTES LES VICTIMES SOIENT RETROUVÉES!
Canada, le 19 mai 2020