3 ANS APRÈS LA TRAGÉDIE DU HOGAR SEGURO VIRGEN DE LA ASUNCIÓN
3 ANS APRÈS LA TRAGÉDIE DU FOYER D’ACCUEIL VIRGEN DE LA ASUNCIÓN AU GUATEMALA, OÙ EN EST LA JUSTICE POUR LES VICTIMES ET LEUR FAMILLE?
Par Marie-Dominik Langlois
Le 8 mars 2017, coïncidant de façon macabre avec la Journée internationale des femmes, 41 filles sont décédées et 15 autres gravement brûlées des suites d’un incendie dans le centre d’accueil de la Vierge de l’Assomption. La tragédie a révélé des drames multiples et la dure réalité de la jeunesse guatémaltèque, en commençant par celle des filles tuées par la négligence des autorités publiques en charge de la protection des enfants mineurs. Elle met aussi en lumière le traitement que l’État guatémaltèque accorde aux enfants vulnérables, en particulier ceux issus de milieux défavorisés, autochtones ou encore présentant des « différences » en termes d’identité ou d’orientation sexuelle ou de santé physique ou mentale.
Ouvert en 2010 et débordant à plus de 150% de sa capacité, Virgen de la Asunción a reçu de nombreux rapports d’irrégularités. Seulement entre janvier 2014 et juillet 2015, le Bureau du procureur général a reçu 233 rapports pour disparitions de mineurs, incluant des tentatives de jeunes pour fuir le foyer et ses mauvais traitements. L’Ombudspersonne pour les droits des enfants déposa une dénonciation qui faisait le lien entre ces disparitions et la traite de personnes, suspectant le foyer d’accueil d’abriter un réseau d’exploitation sexuelle et d’extorsion. Il fut même recommandé de fermer le foyer mais le Secrétariat du bien-être social, relevant du président, contesta la décision et le foyer demeura ouvert.
Selon la version officielle, dans la nuit du 7 mars, les jeunes avaient organisé une mutinerie et elles furent punies en étant obligées de dormir dans une salle de classe. Elles auraient elles-mêmes allumé le feu à leur matelas. D’autres sources affirment que les jeunes cherchaient plutôt à dénoncer les abus physiques et sexuels dont elles étaient la proie. On les aurait punies en les enfermant à clef. Les autorités auront tardé 9 minutes avant d’ouvrir la porte, provoquant la mort de 41 filles par asphyxie et un trauma et des brûlures.
Des plaintes ont été portées contre des travailleurs du foyer d’accueil, du Secrétariat de bien-être social et des hauts fonctionnaires, notamment l’ancien président Jimmy Morales et l’ancien secrétaire de la fondation de son épouse.
Depuis le tout début, la lutte pour la justice pour les victimes de l’incendie du foyer d’accueil Virgen de la Asunción et leur famille a été marquée par de nombreuses embuches. Le procès a été sans cesse reporté : l’audience du 5 décembre a subi 12 reports. La dernière audience en date du 6 mars pour discuter des preuves du second groupe d’accusés a pour sa part été reportée pour une 4e fois, puisqu’un des avocats de la défense aurait eu « une urgence ». Une autre raison des reports successifs était l’absence à répétition de deux frères avocats de la mère d’une survivante.
Pire encore, le ministère public a accepté une plainte contre les 15 survivantes : les mineures pourraient faire face à 19 chefs d’accusation et à des peines maximales allant jusqu’à 152 années de prison. Également, un des avocats défendant les victimes, Esteban Celada, qui a agi aussi dans le cas Molina Thiessen, a déclaré en février dernier avoir été la cible de plus de 30 menaces à son encontre en seulement deux ans.
Enfin, si tout va bien, il semblerait que les principaux obstacles techniques soient en voie de se régler et que la date du début puisse être communiquée sous peu par le tribunal.