COMMUNIQUÉ- ALEX REYNOSO
(GUATEMALA/OTTAWA/WASHINGTON/TATAMAGOUCHE/MONTRÉAL)
Quarante-huit organisations internationales unissent leurs voix pour exiger une enquête sur la seconde attaque armée contre un activiste bien connu qui participe à la résistance pacifique opposée au projet Escobal, une mine d’agent de la compagnie Tahoe Resources dans le sud-est du Guatemala.
Le samedi 17 octobre, Alex Reynoso, un défenseur des droits humains et de l’environnement, a subit une attaque par balle perpétrée par des assaillants inconnnus, alors qu’il voyageait avec cinq autres personnes à Mataquescuintla, Jalapa, au Guatemala. Trois personnes ont été blessées, dont Reynoso.
Alex Reynoso a d’abord été blessé par balle en avril 2014 dans une attaque qui a enlevé la vie à sa fille de 16 ans, Topacio, une jeune activiste également bien connue. Alex et Topacio étaient tous deux actifs dans la résistance pacifique contre le projet de la minière canado-américaine Tahoe Resources, qui a entamé la production commerciale à sa très controversée mine d’argent en 2014. Alex se trouve actuellement dans un état stable, en convalescence de la balle qu’il a reçue dans le bas du dos.
L’opposition à Tahoe Resources au Guatemala a été constante, alors que le projet Escobal se développe dans une zone largement agricole. Avant que la mine ne commence ses activités, des dizaines de milliers de personnes de la région avaient exprimé leur opposition à l’activité extractive à l’occasion de consultations communautaires et municipales. Seulement dans Mataquescuintla, en 2012, plus de 23 000 personnes ont participé à cette consultation, et 98,3% des gens ont voté contre l’activité minière. Alex Reynoso ajoué un rôle-clef dans l’organisation de ce référendum populaire. Durant les élections guatémaltèques de septembre dernier, des maires locaux et conseillers ont été élus sur la base d’une plateforme anti-minière, y compris le maire de Mataquescuintla reconduit deux fois dans ses fonctions.
« L’attaque n’a pas uniquement été perpétrée contre moi, mais aussi contre les conseils de développement communautaires locaux. Nous étions dans une réunion avec le maire pour parler des dernières étapes dans le processus de consultation sur l’activité minière, et pour remercier la communauté pour leur travail durant les élections. Sur le chemin de retour de cette réunion, les tireurs ont ouvert le feu », a expliqué Reynoso une fois hospitalisé.
Cinq des six hommes attaqués samedi dernier étaient activement opposé au projet minier Escobal. Malgré une très large opposition populaire à ce projet, Tahoe Resources soutient avoir eu un « grand succès » dans l’éducation des habitants locaux au sujet des bénéfices de la mine.
« Malheureusement, ce n’est pas la première fois que nous constatons que la violence est employée envers des gens opposés à la mine Escobal » souligne Laurence Guénette, coordonnatrice du Projet Accompagnement Québec-Guatemala (PAQG). « Il y a une tendance claire et documentée faisant état de la violence et de la persécution des défenseurs environnementaux et des leaders communautaires opposés au projet minier de Tahoe. Il y a aussi une lourde impunité entourant ces crimes. »
En 2013, des gardes de sécurité privée de la mine ont blessé par balle sept hommes qui participaient à une manifestation pacifique aux abords du site minier. Le gérant de la sécurité de la compagnie fait face à des accusations pour cette attaque, alors que des enregistrements d’écoute électronique démontrent qu’il a ciblé les manifestants pacifiques, puis a tenté de camoufler le crime avant de quitter le Guatemala. En juin 2014, les sept hommes ont entamé despoursuites civiles contre Tahoe Resources Inc devant la Cour Suprême de Colombie-Britanique, pour négligence et voies de fait en rapport à ces événements violents.
Alex Reynoso porte le blâme sur l’impunité pour l’attaque qu’il a subit samedi dernier : « Il y a déjà eu une agression dans laquelle Topacio a été tuée, et il n’y a pas eu d’enquête. C’est pour ça qu’ils attaquent à nouveau ».
La lettre envoyée par plusieurs dizaines d’organisations internationales au procureur général du Guatemala exige une enquête approfondie et impartiale, de même que la protection de Reynoso et des autres personnes dont les vies sont menacées en raison de leur travail de défense des terres, de l’eau et de la paix dans leurs communautés. Les organisations demandent aussi aux ambassades du Canada et des États-Unies au Guatemala de surveiller la situation et les développements de cette affaire. Elles concluent en réitérant leur solidarité avec les communautés affectées par ces événements.
Malgré les demandes répétées, l’Office d’investissement du Fond de Pension du Canada (CPPIB) a refusé de retirer ses investissements de Tahoe Resources Inc. Le CPPIB possède des investissements à hauteur de 26 millions de dollars dans cette compagnie. En janvier 2015, le comité d’éthique du fond de pension de Norvège a émis unerecommandation contre l’investissement dans Tahoe Resources, en raison de « risque inacceptable que la compagnie contribue à de sérieuses violations des droits humains en raison de ses opérations. »
Contacts:
Amanda Kistler, Center for International Environmental Law (CIEL), 202-742-5832202-742-5832, akistler@ciel.orgLaurence Guénette, Projet Accompagnement Québec-Guatemala, (514) 495-3131(514) 495-3131, paqg[@]paqg.orgMegan Whelan, Network in Solidarity with the Peoples of Guatemala (NISGUA), (510)763-1403(510)763-1403, megan@nisgua.orgJen Moore, MiningWatch Canada, (613) 569-3439(613) 569-3439, jen@miningwatch.ca