Impacts socio-économiques et convulsion sociale croissante
ARTICLE TRADUIT AU FRANÇAIS PAR COLLECTIF GUATEMALA
RÉSUMÉ DE L’ÉTUDE PROPOSÉ PAR OLLANTAY ITZAMNÁ POUR PRENSA COMUNITARIA
Le Comité de développement rural (CODECA), en partenariat avec des cybers acteurs tels que rebelion.org, otramerica.com, servindi.org, colarebo.wordpress.com, ccoo-euskadi.net, comunitariapress.wordpress.com, la CNOC et les éditions Cholsamaj y Dysocolo, a publié et partagé un résumé de l’enquête participative intitulée La privatisation du droit à l’énergie. Impacts socioéconomiques et agitation sociale croissante.
Cette enquête est une approche quantitative et qualitative des impacts socioéconomiques générés par le processus de privatisation du sous-secteur de l’énergie électrique dans la zone rurale du Guatemala, se basant sur une information récoltée sur une période de deux ans, dans 652 communautés autochtones et paysannes, réparties dans 111 communes, dans 19 des 22 départements du pays.
A la fin des années 1990, les corporations espagnoles IBERDROLA et UNIÓN FENOSA se sont attribué le monopole de la distribution de l’énergie électrique de tout le pays, pour 50 ans, pour une valeur totale de 620 millions de dollars. En 2010 et 2011, ces entreprises ont revendu respectivement leurs affaires à l’Entreprise Publique de Medellín et à ENERGUATE (filiale de la corporation britannique ACTIS), pour rien de moins qu’un montant total de 1,069 millions de dollars. Par la simple revente de ces affaires, ces entreprises ont remporté plus de 400 millions de dollars ! « Personne ne sait combien elles ont investi, ni combien ces deux entreprises espagnoles ont gagné d’argent en 10 ans », indique l’étude.
Dans la seconde moitié des années 1990, l’argument néolibéral pour démanteler le monopole publique du sous-secteur de l’énergie électrique était : plus il y a d’investissement privé, plus il y a de production d’énergie électrique. Plus il y a de production d’énergie électrique, moins le prix au kW/h est élevé pour l’utilisateur final. De plus, il a été promis d’électrifier l’ensemble du pays, et de surmonter les pertes d’énergie dans le réseau de distribution.
À presque 20 ans de ces promesses, l’enquête montre que : « Actuellement, au Guatemala, on produit plus d’électricité que dans les années 1990. Le pays dispose du deuxième marché d’énergie électrique le plus important d’Amérique centrale. Mais le prix du kW/h de l’énergie a augmenté de 212,9% par rapport à 1997 ». D’après l’étude, et selon des données statistiques publiées par la CEPAL en 2012, le Guatemala a l’énergie électrique la plus chère d’Amérique centrale. Une des plus chères de toute l’Amérique latine. Dans des pays comme l’Argentine, le Suriname, le Venezuela et le Pérou, le prix du kW/h d’électricité a baissé.
Au Guatemala, plus de 80% des utilisateurs en zone rurale paient, sur leur facture mensuelle d’électricité, l’équivalent de jusqu’à 21% du salaire minimum établi dans le pays. Des communautés rurales entières, qui n’ont pas de service d’éclairage public, paient jusqu’à l’équivalent de 12 dollars pour ce service inexistant. En ville, les usagers ne paient pas plus d’une moyenne de 5 dollars mensuels.
L’étude conclut que les impacts socioéconomiques de la privatisation de ce sous-secteur ne mettent pas seulement en évidence la marchandisation du droit à l’énergie électrique, mais également la renonciation de l’État guatémaltèque à sa stratégie de souveraineté électrique. De plus, les abus évidents en zone rurale, de la part des entreprises distributrices, indiquent la « naturalisation » d’un racisme déjà institutionnalisé dans le pays. En zone rurale, on imprime et distribue des factures d’électricité arbitraires selon le postulat que « l’indien rustre et analphabète, paie sans broncher ».
Dans l’un de ses chapitres courts, l’étude indique que le cadre normatif du secteur, loin de garantir les droits des utilisateurs, protège les intérêts des entreprises privées distributrices en leur assignant les fonctions de juge et partie dans l’évaluation et la résolution de conflits avec les utilisateurs. Une situation qui a généra et génère une agitation sociale, parfois violente, du fait de l’absence de recours juridiques.
Entre 2012 et 2014 l’enquête indique les noms et prénoms de 17 utilisateurs/dirigeants anticonformistes, organisés en résistance, qui ont été assassinés. La majeure partie d’entre eux par la répression policière et militaire lors de protestations sociales. On a emprisonnée 97 usagers anticonformistes en résistance, mais aucun d’entre eux n’a eu de jugement de justice. Le Gouvernement et ENERGUATE-ACTIS accusent les usagers organisés en résistance d’être des voleurs et des délinquants. Ils ont même créé un Ministère public spécialisé contre le vol d’énergie électrique. Mais il n’y a pas une seule personne emprisonnée pour vol de courant électrique dans tout le pays.
Il n’y a pas de doute. Cette étude, la première sur le sujet dans le pays, place le gouvernement et les agents néolibéraux entre la supercherie et la vérité. Jusqu’à aujourd’hui, des opinants défavorables, issus des milieux corporatistes, fustigeaient, insultaient, des autochtones et paysans en résistance pour le droit à l’énergie électrique, sur la base de croyances ataviques et de dévalorisations instaurées par les missionnaires néolibéraux. Désormais, le Guatemala compte avec un document initial pour débattre et oser résoudre le conflictuel service de la distribution d’énergie électrique qui ensanglante encore plus ce pays aux racines millénaires.
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