L’ETAT DU GUATEMALA RESTREINT LES LIBERTÉS DE LA SOCIÉTÉ CIVILE ET DES PEUPLES AUTOCHTONES
2 avril 2015

L’ETAT DU GUATEMALA RESTREINT LES LIBERTÉS DE LA SOCIÉTÉ CIVILE ET DES PEUPLES AUTOCHTONES
(TRADUCTION DU COMMUNIQUÉ DU GROUPE CONVERGENCIA POR LOS DERECHOS HUMANOS)

La signature des accords de paix était supposée permettre un compromis et donner une direction pour la construction d’une société démocratique. Toutefois, avec l’augmentation des personnes qui revendiquent et défendent leur droits, la réponse du gouvernement est chaque fois plus violente a l’encontre des groupes sociaux et des peuples autochtones lorsque ceux-ci lui demandent de respecter son obligation d’assurer le libre exercice de leurs droits. C’est le cas en ce qui concerne le droits des enfants et des jeunes, le droits des femmes, le droit à la santé, à l’éducation et au logement, le droit à un salaire décent, à l’investissement économique et à la consultation sociale; ainsi que pour tout ce qui concerne la sécurité, la justice et l’équité.

La violence et la restriction des libertés sont les réponses du gouvernement Otto Pérez Molina, pour protéger ses intérêts personnels et entrepreneurials. La censure, les assassinats et les attaques contre les journalistes et les leaders communautaires en sont la preuve. Par ailleurs, les communautés autochtones qui exercent leur droit constitutionnel à la pétition et à la consultation ne reçoivent pour seule réponse que l’attitude raciste et répressive des fonctionnaires de l’état ainsi que de ceux qui travaillent pour les entreprises qui souhaitent s’installer sur leurs territoires.

Aujourd’hui, nous allons vous présenter la situation que vivent les communautés Q’anjob’al, Chuj et Métisse du nord de Huehuetenango, en particulier ceux qui vivent à Barillas, Santa Eulalia et San Mateo Ixtatán.
Depuis 2007, l’expansion de la route Transversale du Nord, la construction imposée de trois barrages hydroélectriques (Hidro Santa Cruz à Barillas, Hidro San Luis de CM5 à Santa Eulalia et Ixquisis de laPDH et SA à San Mateo Ixtatán) et les informations sur une possible exploitation minière par des entreprises mexicaines, sont sources d’inquiétudes dans la région.

Avant cette situation, plusieurs consultations municipales ont eu lieu durant lesquels les communautés ont clairement spécifiées qu’elles ne voulaient pas de l’hydroélectricité sur leur territoire. Dans les municipalités de San Mateo Ixtatán et Barillas, les maires ont défendu les décisions collectives. Cependant, les entreprises ont continué à travailler grâce a un processus de corruption qui a eu lieu au niveau municipal et exécutif, ce qui a permis aux entreprises de bénéficier d’un statut d’exception, d’être protégé par la police et d’avoir une présence militaire étendue dans la région.
Depuis 2011, les communautés ont commencé à exprimer leur mécontentement au cours de manifestations qui ont eu lieu devant les installations des différentes entreprises hydroélectriques. A partir de cette date, il y a eu une cinquantaine de manifestations non violentes dans la région et 4 manifestations violentes au cours desquelles il y a eu des affrontements entre les travailleurs et les communautés, et qui se sont terminées par des incendies des équipements et des installations.

Nous avons comptabilisé que deux leader communautaires ont été tués (Daniel Pedro Mate, le 16 Avril 2013, et Pedro Pablo Pascual le 27 Mars 2015), que 6 personnes ont été assassinés en marge des conflits (2 liées à l’entreprise et quatre défenseurs des droits humains), que plus de vingt défenseurs des droits humains ont été grièvement blessés, que plus de 10 employés des entreprises disent avoir reçus des menaces, qu’il y a eu six occasions où les actions de la police et des militaires ont causé un préjudice aux communautés et en particulier aux femmes, qu’une radio communautaire a été fermée et que plus 50 défenseurs des droits humains ont été condamnés par la justice.

Par ailleurs, il existe deux points critiques où les institutions n’ont pas joues leurs rôles : le 1 mai 2012 avec l’instauration de l’état d’exception, et les 19 et 20 janvier 2015 où le mécontentement de la population était tel qu’il a entrainé la fermeture et la délocalisation du Centre de Justice fermeture de Santa Eulalia.

La situation s’est aggravée avec le processus de criminalisation a l’encontre des leaders et des dirigeants communautaires. Le cas de Ruben Herrera, dirigeant de l’Association pour le développement de Huehuetenango, est emblématique de ce qui se produit dans la région. Deux accusations ont été portées contre lui pour des faits qui ont eu lieu en avril 2012 et il a été maintenu en détention provisoire le temps d’être acquitté de toutes les charges. Comme lui, 30 autres personnes ont eu à passer par une procédure pénale pour pouvoir être acquittés des accusations qui pesaient contre eux pour manque de preuves.

Par ailleurs, les entreprises maintiennent la pression pour que soit condamner en particulier les leaders non-violents et ceux qui ont donné de la voix face au gouvernement pour appeler à un dialogue respectueux et au droit à la consultation préalable, libre et éclairé.

Ainsi, après avoir été innocentés dans une affaire liée à des incidents ayant eu lieu le 1er mai 2012, Roger Velasquez et Saul Mendez, deux dirigeants communautaires de Barillas, ont été condamnés pour leur rôle présumé dans l’assassinat d’une femme lors d’un lynchage survenus dans leur communauté. Étonnamment en Décembre de l’année dernière, lorsque le jugement a été rendu a l’encontre des défenseurs des droits humains, le juge a déclaré que «nous ne pouvons pas prouver comment vous avez tué cette femme, mais comme vous êtes les leaders de la communauté vous êtes responsable « . Ces condamnations illégales visent à pénaliser les défenseurs des droits de humains, pour les actions de personnes vivant dans leurs communautés.

À la fin de février de cette année, un tribunal de première instance de Huehuetenango a relié trois principaux dirigeants de la communauté de Barillas (Sotero Adalberto Villatoro, Francisco Juan Francisco et Arturo Pablo) à un le crime de séquestration qui auraient été commis en 2012. Apres que l’accusation ait demandé le renvoi de l’affaire par faute de preuve, les trois leaders ont été emprisonné, transféré dans la zone 18 pour les écarter de leur communauté, et ont leur a refusé d’être jugé : on les a laissé en prison avec les accusations qui pèsent sur eux, sans jugement et sans date d’audience prévue.

RIGOBERTO JUÁREZ & DOMINGO BALTAZAR LORS DE LEUR DÉTENTION
CRÉDIT PHOTO: GUSTAVO ILLESCAS

Enfin, le 24 Mars ont été arrêtés Rigoberto Juárez et Domingo Baltazar, deux leaders du peuple Q’anjob’al , qui, au nom du mouvement «Gouvernement Plurinational des Peuples Q’anjob’al, Chuj, Akateko, Popti et Métisse» ont appellé, à la fois à Guatemala City et à l’International, a ce que les droits des peuples autochtones soient respectés. Ces dirigeants ont eu seize chefs d’accusations retenus contre eux et ont été détenus dans la capitale pour des faits datant de 2013 se rapportant à des accusations de menace, d’association de malfaiteurs et de séquestration. Après une série de violations de leurs droits, le juge de première instance de Huehuetenango les a entendu à la capitale et a annulé la procédure de détention illégale. Cependant, alors qu’ils sortaient du tribunal ils ont été à nouveau arrêtés par un mandat d’arrêt émis par le même juge pour plagiat, enlèvement et incitation au crime, pour des événements qui ont eu lieu le 23 Janvier 2014. Pour le moment, ils sont toujours emprisonnés sans avoir de date de prévue pour leur première audience.

Aujourd’hui même, nous avons appris que Pascual Pablo Francisco, le leader de Barillas, avait disparu le mardi 24 Mars, et qu’il a été retrouvé assassiné vendredi
Aucun des cas de meurtre, blessures et menaces contre les défenseur-e-s des droits humains n’a été jugé pour le moment. La majorité de ces cas sreste dans l’impunité totale y compris les événements du 20 janvier, où le maire de Santa Eulalia a tué trois personnes, infligé des blessures graves à un défenseur des droits humain et des blessures mineures à des animateurs sociaux de la Radio Snuq Jolom Konob. À ce jour, la radio ne peut toujours pas ouvrir ses portes, malgré une tentative le 20 Mars qui a été réprimée par des membres de la municipalité de Santa Eulalia.

Face à cette situation, le Regroupement pour les Droits Humains (Convergencia por los derechos humanos):

  1. Demande à la Cour Suprême de Justice d’examiner le travail des tribunaux de Santa Eulalia, d’enquêter sur leurs performances et de mettre en œuvre toutes les mesures administratives et juridiques nécessaire. Nous lui demandons également d’intervenir immédiatement pour remédier aux graves violations de garanties auxquels sont soumis les défenseurs des droits humains en détention aujourd’hui.
  2. Exige du gouvernement central qu’il arrête de donner les permis pour l’exploitation aux sociétés hydroélectriques présentes dans la région et qu’il commence un processus de consultation réalisés en accord avec les pratiques des peuples autochtones majoritaire dans le Nord de Huehuetenango.
  3. Demande aux entreprises Hidro Santa Cruz, Hydro San Luis et Hydro Ixquisis d’écouter et de respecter les communautés affectées par leurs opérations et qu’elles appuient un dialogue où participent tous les leaders reconnu sur place, y compris les gestionnaires et les propriétaires des entreprises.
  4. Demande aux défenseurs des droits humains et aux dirigeants communautaires de continuer leur lutte pour leurs droits de façon non violente, et de s’engager dans un réel processus de dialogue pour garantir une solution au conflit qui respecteront leurs droits et les intérêts de leurs communautés.
  5. Demande aux médias, au grand public et à la communauté internationale de ne pas stigmatiser les défenseurs des droits humains, individuel et collectif; et que soit mis fin à la criminalisation de tous les détenus. Tous sont innocents jusqu’à preuve du contraire

Nous espérons que cette problématique soit comprise par l’ensemble de la société et des institutions étatique pour arriver a une solution démocratique.
Le Regroupement pour les Droits Humains (Convergencia por los derechos humanos), le 30 mars 2015
Pour d’autres infos sur Rigoberto Juárez et Domingo Baltazar, cliquez ici (articles en espagnol)

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