Le vendredi 12 août 2022, notre partenaire ACOGUATE au Guatemala a organisé un webinaire ayant comme invités spéciaux deux défenseur.e.s des droits humains guatémaltèques. Cette activité avait pour objectif d’actualiser la situation de la justice transitionnelle au pays. De plus, l’événement visait la collecte de fonds pour appuyer les activités d’accompagnement et d’observation internationale de l’organisme. Le Projet Accompagnement Québec-Guatemala a participé en tant que membre du conseil d’administration et comité fondateur/constituant d’ACOGUATE. Claudia, notre chargée des communications et financement a également appuyé à la traduction de l’événement, de l’espagnol au français.
Les invités ont su expliciter le contexte actuel guatémaltèque et les obstacles rencontrés à leur travail de défense des victimes et survivant.e.s du conflit armé. D’abord, iels ont souligné la présence de fortes attaques à l’encontre de la justice transitionnelle, autant aux niveaux législatifs, exécutifs que judiciaires. Selon les panélistes, les différentes initiatives de lois, comme celle sur les ONGs, ont comme objectif fondamental de libérer les militaires, d’affecter et ralentir les processus de justice transitionnelle, réduire l’appui et le support extérieur aux défenseur.e.s des droits humains, et finalement, de réduire les espaces démocratiques.
De plus, les ajournements répétés des audiences pour les cas de justice transitionnelle retardent et congèlent l’accès à la justice pour les victimes et survivant.e.s. Ceci, comme l’expliquent les panélistes, fait partie de l’agenda national du présent mandat de Alejandro Giammattei. Celui-ci vise à utiliser les trois paliers de gouvernance à des fins de contrer les avancées de la justice transitionnelle et accorder l’impunité aux militaires ayant commis de graves violations des droits humains lors du conflit armé. Justement, en 2021, les juges à la Cour Constitutionnelle (CC) ont été remplacés pour former un nouveau front uni contre la justice transitionnelle. Notamment, Luis Rosales Marroquin, qui a été élu en tant que juge suppléant à la CC, a représenté l’ex-dictateur Efraín Ríos Montt dans son procès pour crime de génocide. Ce même juge et avocat représente actuellement Zury Ríos Sosa, fille de Rios Montt, devant la CC pour se présenter aux élections générales de juin 2023. La Constitution établit l’interdiction pour les membres de la famille jusqu’au 4e degré de consanguinité et au 2e degré d’affinité de personnes qui ont perpétré un coup d’État (ou altéré l’ordre constitutionnel) d’apposer leur candidature à la présidence ou vice-présidence. Ceci étant dit, Zury Ríos Sosa conteste cette interdiction depuis plusieurs années autant devant la CC que devant la Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH).Cette situation reflète l’agenda national dont nous alertent les panélistes, où la branche exécutive cherche à mettre en jeu la démocratie en rejetant les cas de justice transitionnelle.
Les panélistes soulignent l’importance d’atteindre la cohésion des mouvements sociaux, iels observent une compartimentalisation des différentes luttes connexes au Guatemala. Une unité dans la quête de la justice doit être mise de l’avant afin de donner plus de poids à la réconciliation et assurer une garantie de non-répétition des événements de la guerre. Face aux attaques et aux menaces faites à l’endroit des organisations non gouvernementales qui soutiennent la justice transitionnelle et la lutte pour les droits humains, les panélistes font appel à une plus grande présence et solidarité de la communauté internationale. Iels rappellent l’importance de l’accompagnement international qui a pour objectif de dissuader les attaques à l’encontre des défenseur.e.s. L’accompagnement se réalise par la présence physique, l’incidence politique auprès des corps diplomatiques et politiques du pays et étrangers et finalement par le support moral.
Les yeux de la communauté internationale devraient se tourner davantage vers le Guatemala et surveiller une situation bourdonnante d’enjeux politiques et démocratiques portant atteinte aux droits humains au pays. L’agenda national tel que dévoilé par les panélistes soulève plusieurs préoccupations quant à l’avancement des dossiers de justice transitionnelle et de luttes contre l’impunité présentement devant les tribunaux. De plus, l’appui matériel et la distribution des richesses nord-sud sont, maintenant plus que jamais, un besoin critique.
Pour appuyer notre organisme partenaire ACOGUATE dans la tenue de leurs activités d’accompagnement des défenseur.e.s des droits humains, toutes les donations sont les bienvenues à:
https://www.helloasso.com/associations/collectif-guatemala/paiements/apoyo-al-proyecto-acoguate